• Kirghistan

     Samedi 2 août: atterrissage à Bishkek,  au Kirghistan

    Nous sommes bien arrivés à Bishkek.  Le décalage est grand avec le Tadjikistan.  Ici, tout semble plus développé et très pluri ethnique. Bishkek est construite sur le modèle des villes soviétiques: larges avenues avec les bâtiments officiels très massifs et imposants. 

    Bishkek, Kirghistan

    Bishkek, KirghistanBishkek, Kirghistan

     

     

     

    Bishkek, Kirghistan

    Bishkek, Kirghistan  La ville n'a rien de transcendant. On sent par rapport au Tadjikistan une nette différence de développement et de culture.  Le nord du Kirgistan est très russifié alors que le sud a gardé plus ses traditions. Le mélange ethnique est très surprenant: plus de 80 groupes ethniques différents dont pas mal de mongols, ouighours, russes et kirgizes. Cela donne un panachage dans les rues très sympathique.

    Bishkek, Kirghistan

    Bishkek, Kirghistan

    Côté nourriture, on retrouve à peu près les mêmes plats qu'au Tadjikistan,  avec en plus à notre menu, du "bortch", soupe à base de betteraves, les "langhmans", plats de nouilles plates avec viande et légumes et tout un assortiment de samosas géants.

     

     

     

    Bishkek, mercredi 28 août (par Régis)

    On remet en route après quelques jours de repos. On a profite de ce séjour dans la capitale pour bien manger et dormir.
    Il semblerait selon mon compteur qu'on ait parcouru à vélo dans les 700 km pour 9199 m de dénivelé positif, ce qui me parait énorme...
    On repart vers le sud, dans les montagnes. Au programme trois cols dont deux à 3600m et un long tunnel d'une vingtaine de km qu'on va essayer de passer en camion afin de ne pas succomber asphyxiés.
    On se dirige vers Osh et Sary Tash. Arrivés, on aura parcouru 826kms. Il restera 80 kms pour la frontière chinoise et 200 kms de plus pour arriver à Kashgar. Le visa ne nous presse plus, il n'y en a pas pour le Kirgistan, seul impératif: etre en Chine au plus tard le 10 octobre.
    Apres la vie austère de Douchambé, religion ismaélienne, branche de l'islam, les moeurs ici à Bishkek sont plus occidentalisées. J'ai vu des anoureux, les ados se fréquentent, des femmes conduisent...
    Avec la libéralisation des moeurs, suivent les marchands, leurs boissons sucrées, les fast food, la pub, les cigarettes, le modele occidental. Au milieu de tout cela, naviguent les plus agées, en tenue traditionelle. Les faciès sont de type mongol. Beaucoup de Soviétiques vivent ici. L'architecture est de type bolchevique.

     Osh, vendredi 13 Septembre:Kirghistan 

    Kirghistan, transhumance des juments
    Nous arrivons à Osh, au sud du Kirgistan, en plein territoire Kirgize. La majorité de la population est d'origine ouzbèque ici. Effectivement, la frontière avec l'Ouzbékistan est toute proche.
    Avec le peuple kirghize,  je partage, modestement,  le goût pour le nomadisme (tradition ancestrale), et celui pour les chevaux. Sauf qu' ici, leur amour va jusqu'à les intégrer à leur cuisine, chose que je ne partage plus du tout. Du coup, je suis doublement vigilante et respecte un végétarisme strict, de peur d'ingérer ces vénérables amis de l'homme. 

    Pour le nomadisme,  on commence à y prendre un goût certain: se déplacer devient notre quotidien,  paisiblement,  au point même qu'au bout d'un certain temps au même endroit,  l'envie nous démange de reprendre bien tôt les pédales. Le rythme et la lenteur du voyage en vélo nous conviennent toujours autant.  A pas de fourmis,  on avance en prenant le temps de voir se dessiner la route et de détailler les paysages,  on rencontre des gens, on échange, on savoure une "vada c gaz" (eau gazeuse) bien fraîche...
    Et puis je découvre aussi qu'en vélo se déployent de grands espaces de pensée. Quand le relief laisse le corps faire son travail tranquillement,  la tête est libre pour toutes sortes d'errances. On refait le monde, on philosophe,  pense aux amis, monte et démonte des tas de projets... On n'en est pas encore à l'état de zénitude méditative, où les pensées même disparaissent.  Il faudra encore attentre plusieurs milliers de kilomètres pour cela,  je pense!


    Parvenus à Osh, nous approchons du point que nous aurions dû rejoindre en empruntant la route du Pamir, la ville de Sari Tash.
    Beaucoup de beaux paysages traversés pour arriver là,  avec, très présente dans nos pensées, Odile,  une amie disparue bien trop tôt cet été.  Amoureuse de la montagne,  elle aurait aimé ce pays et ses habitants si accueillants...

     

     

    Récit détaillé du périple par Régis:
    28 août: Départ,  altitude 950m, il fait 38 degrés. On roule 84 kms sur une route très fréquentée par les camions et voitures.  On se tient au bord de la chaussée et on a intérêt. Le soir, par chance, au milieu de nulle part, une vieille dame Russe nous accueille dans son jardin d'Eden. Je me régale de framboises, de pommes et de ma première bière du séjour.  On se décrasse avec grand plaisir dans son sauna. On installe notre tente sur sa pelouse, elle nous nourrit, impossible de payer.
    Kirghistan, jardin d'Eden russe Kirghistan, yourteKirghistan, jardin d'eden russe
     

    29 août: On attaque la montée du premier col dans une gorge hinospitalière qui nous mènera 57 kms plus loin en haut du col à 3250 m. Ca grimpe sans répit,  du 5 à 8%; vers 14h un vent violent de face se lève.  On capitule vers 16h. Par chance on se trouve au seul endroit du col où il est possible de camper.... et au bord d'une petite rivière, on a roulé 37 kms.
     

    30 août: Départ 10h, il reste 20 kms pour être en haut. On attaque les lacets, du 12%, de toute manière ils n'ont que ce panneau, ça grimpe régulier,  je me cale dans la roue de Sylvie.  Au 3/4 du col, dans une épingle,  une "gastinitsia" me sauve de la fringale. J'avale œuf, thé, pain, baignets à la patate. On grimpe à 5, 6 kms/h. Quand ça monte sec, les Kirghises nous encouragent à coups de klaxon, le pouce levé, admiratifs. Ils ne comprennent pas bien pourquoi on voyage à vélo, l'un d'eux demande à Sylvie si c'est parce qu'on est pauvres et que l'on ne peut se payer une voiture. Le col se termine par un tunnel,  Sylvie avise un camion â bestiaux vide qui nous embarque avec vélos et bagages. On nous avait conseillé de ne pas rouler dans ce tunnel trop étroit et peu aéré. Un vrai régal la descente.

    KirghistanKirghistan, nomadesKirghistanKirghistan, lac Toktogul

    Elle nous conduit vers un vaste plateau d'altitude où sont installés les nomades avec leurs yourtes, leurs troupeaux de vaches, chevaux, chèvres,  moutons. Ils vendent du lait et du fromage de jument. Le fromage s'avère bon mais piquant. Il se présente sous forme de boules, il est tellement sec qu'on doit pouvoir le conserver des années. Je suis ému de boire du lait de jument.
    L'endroit est vert, herbeux, entouré de hauts sommets enneigés.
    J'ai remarqué qu'on réussissait bien nos implantations de camp. On se concerte intelligemment,  du genre:Kirghistan
    " - Il t'en reste dans les jambes?
       - Non, et toi?
        - Moi non plus..... bon, on campe là!  "
    31 août: Un couple de nomades nous arrête, ils sont âgés, ils veulent à tout prix qu' on boive le thé chez eux. Ils nous offrent sous une yourte tout confort, le pain traditionnel, de la confiture de framboise, du lait de jument fermenté,  des gâteaux,  des bonbons au chocolat. Ils veulent qu' on les prenne en photo avec nous. Sylvie échange avec eux en Russe, j'admire l'architecture de la yourte.KirghistanKirghistan, petit gouter dans une yourteKirghistan, petit gouter dans une yourte

    En partant j'offre mon Opinel N°7. Le vieux Kirghize a l'air d'un enfant qui reçoit son premier cadeau de Noël, il admire le couteau, le tourne dans tous les sens, le met dans sa poche, le sort à nouveau,  l'ouvre,  le ferme, fait fonctionner la virole. Sylvie immortalise l'instant.Du coup le couteau de l'outil Leatherman offert par  Miguel Garcia devient mon couteau officiel.
    Kirghistan1er septembre: On entame la grimpette du deuxième col. J'accepte de mieux en mieux les longues pentes,  les pourcentages à 12%, le rythme lent et que.... de toute manière la grimpette va durer un temps certain. Sylvie, elle, n'a pas d'états d'âme,  rien ne lui fait peur, rien ne lui résiste,  elle a un moral d'acier, elle appuie fort, amène des braquets d'enfer.
    En haut du col on  se photographie sous l'édifice russe célébrant le col, c'est du genre stalinien, tadjik, pauvre en matériaux.
    De 3300m on redescend à 1000 m, en longeant une rivière fabuleuse pour la pêche à la truite et sans pêcheurs, pourtant tous les restaurants proposent ce poisson. C'est aussi la vallée du miel, il m'a fallu un moment pour réaliser qu'il y avait des forêts et donc des arbres. A 13h on s'attable pour déguster la truite sauvage locale, on n'est pas déçu.
    Le soir, on loge dans un hôtel russe délabré (ça va devenir un pléonasme).
    2 septembre: Ca monte fort, ça descend fort et là, malgré les panneaux, Kirghistanc'est plus que du 12%. Sylvie s'en accommode très bien sachant que ça ne  va pas durer (je la cite), elle me dit même qu'elle préfère cela à de longues lignes droites plates et monotones, elle va finir par me traumatiser. Il fait très chaud à nouveau. J'attrape, avec chapeau, une insolation. Le soir, un resto nous loge dans une grande pièce destinée aux repas avec hôtes nombreux,  le tapis est très moelleux.
     

    3 septembre: Route difficile au début,  puis on longe une rivière qui descend dans notre sens... promesse de kms paisibles. Le soir on dort dans l'ancien hôtel soviétique le plus délabré du voyage. Rien ne fonctionne,  pas de douche, pas de lumière dans la chambre, le plafond rempli de gouttières menace de s'effondrer, l'édifice en béton aussi. Une dame très gentille s'occupe de nous et nous ouvre la cuisine, on mange nos nouilles en terrasse.
     

    4 septembre: On suit un lac artificiel toute la journée, il fait très chaud. Le soir on est accueilli chez une Kirghise à qui Sylvie demandait s'il y avait un hôtel.  Elle nous loge dans son salon, on se lave au jet dans son jardin, elle cuisine pour nous. Ses enfants travaillent tous en Russie, à Moscou. Elle garde son petit fils qui ne connait pas ses parents.

    5 et 6 septembre: On roule dans une plaine agricole, riche en fruits et oignons. On nous offre un melon, Sylvie achète du melon séché,  délicieux. Le 6 on rejoint une vallée en hauteur. On s'écarte de notre route. On va vers la plus grande forêt de noyers d'Europe, â 1600m d'altitude. Le CBT nous loge chez l'habitant. Comme on est Français on nous installe chez la dame qui cuisine les meilleurs repas. Sa cuisine est délicieuse, avec Robert le Polonais, on se met de pleines ventrées. Autour de nous on voit vivre la famille, le grand père et la grand mère passent leur journée assis au même endroit pendant que la plus jeune des filles corve toute la journée sous les ordres de sa mère et sa grand-mère. En hiver il y a beaucoup de neige, rien à faire et les gens passent leurs journées à dormir. Pour l'instant le ciel est toujours bleu.
     

    7, 8, 9 septembre: On se pose et se repose dans ce village. On se reconstitue, on mange, on sieste, on lit, on lessive, on dort. On se pKirghistanromène de temps en temps, Sylvie a fait un tour à cheval d'une journée dans les montagnes environnantes. Je bricole les vélos.  Je ne peux rien pour mon pédalier qui depuis 15 jours a des sonorités bizarres qui n'indiquent rien de bon, cloc.. cloc.. côté gauche et un bruit métallique côté droit â chaque tour de pédale, je dois être en plein rodage. Quand à Jeannie L.S Deruy, elle a explosé plusieurs dents des 3 plateaux, elles ont perdu le pointu et sont carrées maintenant!!
    A cet instant on en est à 15 727 m de dénivelé positif.
     

    10 septembre: Journée paisible, après 80 kms on arrive à Jalalabad, ville tranquille. On se ballade dans le bazar. On dort chez l'habitant,  c'est une ONG suisse qui a mis en place ce système qui profite aux gens du peuple, le fameux CBT. Je m'éclate de l'ingéniosité des installations,  tout est bricolé avec des matériaux de récupération,  pas de norme, pas de Castorama dans le secteur, faut voir les installations électriques.  Je n'ai jamais vu deux douches, deux robinets identiques, tout tient avec de la ficelle et du fil de fer. Hier le cumulus devait dater du temps des Soviets, fait main, modèle unique en acier indestructible... et tout est Kirghistan, fromages au lait de jumentainsi, les piscines municipales sans eau, le matériel agricole, le passage à niveau. Pas deux choses identiques ne se ressemblent. Alors c'est vrai que tout cela est dû à la pauvreté,  mais  ça me fait du bien de voir cette inventivité,  cette non uniformisation.  Nos déchetteries feraient leur bonheur.
     

    11 septembre: En route pour Osch, pas d'avions en vue. Staline nous dévie de la route principale. C'est lui qui a dessiné les frontières et la route principale passe sur une dizaine de kms en Ouzbékistan,  sans visas c'est " niet " pour nous. Nous sommes détournés vers les montagnes. Tous les habitants de cette région sont Ouzbeques mais de nationalité Kirghize,  c'est le Kirghistanpouvoir stalinien qui l'a voulu ainsi. Ils peuvent sans visas se rendre en Ouzbékistan 4 jours maximun. Nous nous arrêtons à Ozgon, célèbre pour les émeutes ethniques de 1990 entre les Tadjiks et les Ouzbeks. Il est 19h, le muslim local se déchaine. Tous les matins, vers 5h30, il se charge de notre réveil.
     

    12 septembre: Nous voici à Osh. On a la wifi dans une pièce de l'hôtel. Je vais pouvoir j'espère, envoyer ma prose. On va bien se reposer, c'est du costaud qui nous attend,  Osh est à 1000m,
    Sari Tash à 3700...

     


    Nouvelle énigme:

    La dernière a été élucidée par Alain C. Bravo! Le tonneau sert de barrate à beurre.
    Qui va maintenant deviner le contenu mystérieux du sac vert dans la yourte?

    Kirghistan

    Sari Tash: vendredi 20 septembre
    Splendide traversée sur la route en plein coeur du Pamir Kirghize,  de Osch jusqu'à Sari Tash. Ça y est,  nous avons réussi notre contournement et rejoint le village où nous serions arrivés en empruntant la Pamir Highway.
    Nous avons traversé des plateaux d'altitude très vastes, encadrés par des cirques de montagnes aux sommets enneigés.  La circulation est beaucoup moins dense, l'ambiance est très paisible, on prend le temps de savourer ces paysages grandioses.
     

    Kirghistan

     

     

     Kirghistan

    Kirghistan

     

    C'est la période des transhumances descendantes. On croise sur la route de nombreux troupeaux qui redescendent vers les villages pour l'hiver: vaches, chèvres,  chevaux et moutons aux fesses rebondies (c'est la race endémique ici, les brebis ont une grosse poche de graisse en haut de la croupe, ça leur fait un espèce de "faux cul" assez ridicule,  mais c'est un met très apprécié des kirghizes.) 

    Kirghistan
    Au bazar de Osch,  j'avais acheté une sorte de fouet court que les cavaliers utilisent ici pour leur chevaux.  Moi, c'est dans le but d'éloigner les chiens qui convoitent de trop près nos mollets appétissants. Je le fixe sur le porte bagage arrière,  prêt à l'emploi. Cela intrigue beaucoup les cavaliers que l'on croise qui m'ont demandé ce que je pouvais bien faire avec cet outil.  A force de bribes d'explications russes et de quelques onomatopées de mon cru, ils finissent par comprendre et éclatent de rire. "Muy, toje!", me disent-ils, en montrant mon vélo et leurs chevaux.  "Nous sommes pareils!" Fière de cette consécration,  je serre les mollets et fais démarrer mon vélo par quelques appels de langue...
      
    KirghistanKirghistan
    Osch, Sari Tash: la chronique de Regis
     
    16/9: Och, 1060m. On quitte l'hôtel à 9h. On déjeune de crêpes dans un resto plus loin. La route monte régulièrement, elle devient belle, on aperçoit le pic Lénine qui culmine à plus de 7000m, hier il a du neiger. On s'arrête vers 16h30 après avoir roulé 57 kms, altitude: 2240m. On campe près d'une ferme et d'une rivière à l'eau douteuse. Je casse le filtre à eau, on fera bouillir l'eau des nouilles plus longtemps.
     

    Kirghistan

    17/9: Une des plus belles étapes pour l'instant. On grimpe le premier col. Une vieille femme accroupie, en costume local, écoute de la musique traditionnelle chinoise, l'espace d'un instant je revis une bouffée de la Chine de 1973. On débouche sur une vallée verdoyante d'altitude. Les villages sont beaux et emplis de réserves de foin. Vers 13h on mange le Plog (riz à la mode d'ici), à Goulcha, très paisible village de la région.  Il est agencé sur le modèle russe,  rues perpendiculaires,  chaque "isba" entourée de son jardinet. Les habitants sont très typés,  ils ont les pommettes rouges de l'altitude. Après 53 kms on s'arrête de rouler, on campe près de la rivière Goulcha qu'on remontera jusqu'au deuxième col.
     
    Kirghistan
     
    18/9: On grimpe.... 45 kms parcourus.
     
    19/9: Il est 8 heures, il fait froid dans la tente, 2 degrés,  je me rendors. On se lève à 9h, on décolle à 11h après que le soleil ait séché la tente. Dehors il a gelé. Je redéjeune un peu plus loin d'un plat de sarrasin avec œuf,  tomate et concombre.
    On grimpe fort, un vent violent de face, je me traîne,  je manque d'oxygène. On mange vers 14h au pieds des lacets, on est à 3121m d'altitude.  
     

     

    A cet endroit les Chinois refont la route, les ouvriers sont Kirghizes. Un camion s'arrête à côté de nos vélos, des ouvriers descendent. Le chef et les contre-maîtres chinois arrivent en 4x4. Les Kirghizes viennent voir les "velocipedis", s'assoient sur le talus, fument une cigarette, viennent discuter avec Sylvie. Ils gagnent 3 Euros par jour. Le chef chinois et les contremaitres sont verts, ils sont sur la route, vociferent, agitent leur drapeau rouge. Enfin, le chantier démarre, je ne pense pas que dans cette entreprise il y ait des suicidés. 
    Vers 16h on décide de camper là. De voir la pente et les lacets, ça me fatigue déjà, Jeannie est en pleine forme.
     
    Kirghistan
    20/9: Après une nuit glaciale, on attaque le col. On décide de se séparer le temps de la montée,  Jeannie n'évolue pas dans la même catégorie que moi. Elle mettra 1h15 pour grimper les 7 kms, quand à moi je monte en poussant le vélo, pas assez de souffle, la pente est trop raide.
     

    Kirghistan

    A mi col, je passe devant un autre chantier, un ouvrier, pour faire le malin devant les autres, me demande le vélo,  je lui passe sur 50m, il s'arrête et me le rends, complètement essoufflé, il a compris. Arrivé en haut, on plonge vers Sari Tash, les paysages sont superbes.
     

     Mardi 23 Septembre: Sari Tash - Frontière Chinoise - Oulougat

     
    Journées extraordinaires..... (Par Regis)
     
    22/09: Départ de Sari Tash à 9h sous un grand ciel bleu, pas de vent. C'est dimanche, nous sommes seuls sur la route qui s'étale en lignes droites,  gravissant et descendant les collines d'altitude,  nous roulons. autour de 3200 m.
     
     

    Chine

     
    Les paysages nous entourant sont sublimes. A gauche,  des massifs montagneux ocres,  à droite une chaîne de montagne enneigée,  avec ses glaciers,  qui nous accompagnera sur des dizaines de kms. Au centre, entre la route et les hauts sommets, la steppe d'Asie centrale que j'imaginais... il ne manque que les hordes Kirghizes, Gengis Khan, les caravanes de la route de la soie...
     
     

    Chine

    Des cours d'eau silencieux et larges s'étalent en méandres; dans ces lieux plats et montagneux autour je me demande comment l'eau va se faufiler jusqu'à l'océan.  Pas une habitation,  de temps en temps on aperçoit un cavalier,  sa yourte usée par le temps et les intempéries,  son cheval et son troupeau.  
     

    Chine

    Nous grimpons tranquillement,  un col se présente,  nous optons pour l'ancienne route, la piste.... et là opère la magie du "seuls au monde". Nous débouchons sur une espèce de ligne de crête qui descend vers un check point Kirghize.  Nous nous arrêtons plus loin dans un mini col, il est 17h. Sylvie se repose, elle est fatiguée,  empoisonnée par les œufs de notre vieille hôtesse Kirghize de Sari Tash.
     
     Kirghistan
    23/09: Le ciel est couvert, nous baignons dans une brume orangée.  Nous passons les contrôles Kirghizes, sans savoir quel sera le dernier, on nous photographie la rétine... étrange?... puisque nous quittons le pays. Après un court "no mans land", j'aperçois le drapeau chinois... premiers contrôles... la police des frontières chinoise est impeccable,  l'habit soigné. Les gardes sont courtois et s'adressent à nous dans un Anglais rudimentaire.  
    Nous passons plusieurs postes, nous remontons des dizaines de camions,  attendant depuis je ne sais quand, la frontière venant juste d'ouvrir après quelques jours fériés. Nous arrivons à un grand centre. Les gardes, très jeunes pour la plupart, nous font signe de garer les vélos.  Un garde plus âgé prend notre passeport et disparait dans le bâtiment. Les plus jeunes s'amusent sérieusement à fouiller un bus et les bagages des passagers chargés de nourriture et produits venus du Kirgistan.  Ils s'éclatent à tout inspecter,  tout ouvrir... et pour rien, tout le monde sachant que les sacs, les valises et les cartons ne contiennent rien d'illicite.
     
    Puis ils s' avisent de fouiller nos sacoches,  fouiller est un bien grand mot, dès que nous les ouvrons, ils nous disent "ça va!". Ils envient nos vélos,  touchent les freins,  les vitesses,  jouent avec les pédales,  je suis surpris de les voir faire. Un camion chinois attend. Un responsable chinois nous avise qu'on va faire la route jusqu'à Oulougat, à 130 kms, dans ce camion, c'est une obligation. Le chauffeur demande 200 yuans, soit 25 euros. On embarque les vélos, les gardes scellent la remorque, c'est le chauffeur qui a nos passeports. Je m'éclate de toutes ces complications. Kirghistan
    Les plus à plaindre sont les chauffeurs chinois. Ils rentrent du Kirgistan à vide après avoir livré des produits chinois et rien n'est fait pour leur simplifier le passage de la frontière. En tant qu'étrangers on échappe à cela, nous sommes traités prioritairement.
     
    La route est neuve et non terminée,  nous serons souvent déviés sur l'ancienne route. On arrive enfin au dernier poste frontalier, 130 kms plus loin, à Oulougat Port. Les gardes coupent les scellés,  on décharge les vélos qui se sont détachés pendant le voyage et ont un peu souffert. On rentre les vélos dans un hall ultra moderne, nous sommes seuls. Là s'opèrent les dernières formalités, passeport, fiche d'entrée et passage des bagages au scanner. La police des frontières est très courtoise, très attentionnée et nous simplifie au maximun les démarches.  Les policiers nous tiennent les vélos lorsqu'on replace les sacoches.  Nous les remercions.

    Kirghistan

     
    Nous avons fait tout le voyage dans la brume orange, la veille, cette région désertique et de loess avait été balayée par une tempête de vent de sable. Il fait 7°. Nous voilà en Chine, à l'entrée d'Oulougat Port. Des boulevards s' entrecroisent,  sans bâtiments, formant des îlots vides qui attendent de nouvelles constructions au cas où la ville s' étendrait. Kirghistan
     
    J'avise 3 ouvriers qui m'indiquent la direction de la ville, elle surgira bientôt de ce brouillard. C'est une ville moderne mais déjà "usée". De nombreux Ouigours y vivent. On trouve un "pianyde lugan", hôtel bon marché.  Quel plaisir! Un bon lit, une bonne douche... après tant de jours passés sans se laver. On décide de s'y reposer le lendemain.
     
     Kirghistan
     
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  • Commentaires

    1
    viopellier
    Samedi 3 Août 2013 à 12:32

    C'est génial de pouvoir ainsi vous suivre dans votre périple: grâce à vous nous voyageons aussi un peu. Merci.

     

    "Le voyage est une espèce de porte par où l'on sort de la réalité comme pour pénétrer dans une réalité inexplorée qui semble un rêve."

    Maupasssant.

    2
    Rolilaure
    Samedi 17 Août 2013 à 10:34

    Magique et tellement émouvant.

    A chacun son tour de faire rêver, merci!

     

     

    3
    Claire Souyris
    Lundi 19 Août 2013 à 09:14

    Magnifiques fotos! supersympa ce site où on peut vous suivre dans vos exploits sportifs! je vous souhaite bonne route et bien du courage pour la continuation! J'aimerai en faire autant! Claire

    4
    Alexis l'écorâleur
    Mardi 27 Août 2013 à 10:30

    Bonjour ou bonne nuit, moi pas savoir quand vous lirez ça...

    En tout cas avec Régis nous sommes dans une autre dimension du temps et c'est "planant", mon p'tit gars tu nous écris le mercredi 28 et nous le recevons le mardi 27... C'est ça le voyage en vélo ! (mieux qu'en spoutnik)

    Ici on commence à sentir l'automne qui s'approche, les nuits sont fraîches mais dans la journée le soleil donne...

    Les marcheuses reviennent de Corse demain, les nouvelles sont bonnes mais je ne connais pas les détails.

    Quand je vais à la boîte aux lettres en vélo, je pense bien à vous !

    Comme disais le poète chinois : "Un petit coup de pédale fais toujours avancer le guidon".

    Grosses BISES...
    Alexis

    5
    do
    Mercredi 28 Août 2013 à 19:57

    Hello

    soir du mercredi 28 août...

    Je descends à peine du bateau....

    Retour de Corse après une superbe rando Mare a Mare et même un fragment du GR20, si si!!! .... Génial de traverser une Ile de (tant de) Beauté... On a bien pensé  à vous en priant Notre Dame de Pietra à la mousse onctueuse et bien ambrée... Le plaisir de la première gorgée de bière en enlevant ses chaussures est toujours aussi intact et paradisiaque.... je vous fais de gros bisoux bien corsés.... à bientôt de vous lire et vous voir en photos....

    6
    kinou2
    Mercredi 28 Août 2013 à 20:12

    On partirait bien même à vélo pour retarder l'échéance qui se profile à l'horizon immédiat, en tout cas grâce à vous on va suivre un feuilleton exaltant qui éclairera nos soirées studieuses,je pense à vous et vous encourage pour les coups de pédales à donner, bisou bisou kinou

    7
    Fanfouette
    Jeudi 29 Août 2013 à 13:29

    Retour de Corse, un vent d'Est m'apporte enfin de vos nouvelles. La rentrée sera aérée par vos images d'ailleurs. Merci les amis.

    Bisous

    Françoise

    8
    Hélène C
    Dimanche 1er Septembre 2013 à 22:17

    C'est super de pouvoir vous suivre à travers tous ces récits d'une grande qualité. 

    Ici, la rentrée approche : école, stylisme,...

    bon courage pour la suite

    9
    Dimanche 15 Septembre 2013 à 09:33

    Je viens de lire la suite de vos aventures...moi qui ne suis pas encore complétement redescendue des alpages de là bas cela me fait trop plaisir. Je suis totalement baba d'admiration devant votre élan dans les pentes si rudes des cols kirghizes ! Entre le côté débrouille et nomade c'est juste un endroit où vous devez vous sentir bien.
     Pour le mystérieux contenu du sac vert je sèche complétement. mékéskesapebienêtre???
    Je vous embrasse bien bien fort
    Flo

    10
    francoislecaylar
    Mercredi 18 Septembre 2013 à 21:52

    Nos randonnées du mardi ont repris sans le Redge, mais on pense à vous bien souvent.

    Saurez-vous dans quel pays vous serez en janvier qu'on puisse faire quelques tours de pédale avec vous ? a BIENTOT

    françois

    11
    kinou2
    Samedi 21 Septembre 2013 à 15:32

    La saison kirghize est passionante, on sent une légéreté acquise à la force du mollet et une liberté rude et majestueuse qui vient, ca donne envie de décrocher d'un quotidien encombré ...Allez continuez et donnez des news dès que vous pouvez, on sent l'oxygène jusqu'ici ...bisous

    12
    JF&Lu
    Mercredi 25 Septembre 2013 à 21:55

    Coucou les voyageurs ! Je viens de tout lire d'un coup... Je me suis remis à jour. C'est vraiment passionnant!

    Ca nous donne envie de (re)partir sur vos traces, mais peut être pas en vélo, pour nous qui ne sommes pas aussi sportifs que vous. Vous avez l'air de vous faire plaisir, de découvrir et de partager et c'est l'essentiel.

    On pense bien à vous !

    Bonne continuation !

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    13
    DomiRouaix
    Samedi 28 Septembre 2013 à 19:35

    Bon, nous qui sommes joueurs, nous avons 2 propositions :

    1/ la mienne : le sac vert contient des excréments séchés de yack qui attendent l'hiver pour servir de combusible dans le poele de la yourte ;

    2/ celle d'Alain C. : le sac est en fait une outre pour le lait de jument.

    J'ai peur de ne pas gagner ce coup-ci ! Pour le reste et donc le récit, c'est passionnant !

    Bises

    Domi

    14
    Vincent G
    Dimanche 29 Septembre 2013 à 10:02

    Dimanche pluvieux à Prades, alors pas de tour en vélo autour du Pic Saint Loup ce matin. L’automne arrive en prenant son temps, cette année, loin des écarts de température extrêmes de l’Asie centrale. Comme il pleut, je lis votre récit de voyage sur le blog. Que c’est bien raconté ! Que les photos sont magnifiques, on s’y croirait ! Rainy day dream away.

    Merci Régis et Sylvie (héros au long cours sur la route de la soie) de nous emmener avec vous en voyage.

    15
    Samedi 5 Octobre 2013 à 15:01

    Bonjour !

    Petite pensée pour vous ce soir : nous avons une bonne connexion Internet ici à Bishkek, il faut que je vous envoie les fichiers pour la liseuse !

    Alors, j'ouvre votre blog et j'admire cette dernière étape ! Magnifique ! Je crois bien qu'on a dû vous croiser le 16 septembre : vous commenciez la montée depuis Osh, et nous redescendions (en voiture...) de Sary-Mogol (à l'ouest de Sary-Tash), où nous avons passé trois jours mémorables... On ne vous a pas vus sur la route !!! Quelle chance d'être en Chine : j'attends les prochains articles avec impatience !

    De notre côté, nous avons bien profité du Kirghizistan, et nous prenons l'avion pour Bali après-demain : on remontera à l'envers notre parcours initial, et on vous croisera peut-être à nouveau quelque part !

    Bonne continuation ! Zai jian !

    Claire & co.

    16
    antoine
    Jeudi 2 Janvier 2014 à 22:33

    2 janvier 2014 :


    Un long et sportif voyage dans l'Asie méconnue, loin des clichés ...


    quasi en temps réel grâce au progrès de la révolution numérique,


    très bonnes photos et vidéos, c'est presque comme si on y était. Bravo !


    Le voyage est-il toujours en cours (car je vois "novembre 2013") ?

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